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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/116

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LE MAL DES ARDENTS

mais qu’il rejetterait dès qu’il en aurait exprimé le suc. Sa méconnaissance des devoirs habituellement reconnus par la loi morale, son indifférence à toute conséquence de ses paroles ou de ses actes du moment qu’il savait son intention irréprochable, ne pouvaient-elles engendrer autour de lui des catastrophes, des chagrins ou des ressentiments ?

Marc le redoutait. D’ailleurs cette aspiration pneumatique de tous les souffles environnants ne risquait-elle pas d’être viciée un jour par quelque apport morbide capable de corroder et de détruire la magnifique organisation d’Olivier ? Ne se complaisait-il pas déjà aux troubles souvenirs de cette Balbine Vassal ? Les deux amis débattaient ce problème en rentrant chez eux un soir de printemps.

— Tu es sceptique en toutes choses, dit enfin Olivier. Tu regardes généralement la vie et les hommes d’un air de froideur à peine amusée tandis que je me donne à eux avec passion. Le cours ordinaire des événements te montre ironique et glacé et, tout d’un coup, tu crains pour nos camarades ! Et subitement tu t’inquiètes à mon sujet ! Tranquillise-toi, ni mes voisins, ni moi, ne courons de danger…

Mais Marc ne se sentait pas tranquille, car il l’aimait.

Il n’en dit rien pourtant à Rabevel, ni à Angèle. Et le mois de mai de cette année 1907 se passa sans que rien de particulier vint troubler la vie accoutumée. Le prestige d’Olivier et son influence s’accroissaient sans cesse parmi