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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/118

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LE MAL DES ARDENTS

rades, Resseguier qui prépare Normale et Jobert qui prépare Saint-Cyr. Ce sont, tu le sais, non pas des gars transcendants mais d’honnêtes élèves qui peuvent être reçus dans la moyenne ou tangents. Depuis quelques jours ils étaient, à la suite d’une série malencontreuse de colles, dans cet état de découragement qui n’épargne pas les meilleurs. Hier matin, j’entends Resseguier qui est interne, demander à son camarade qui est externe, s’il y avait quelque chose d’intéressant dans le journal.

— Non, répondit Jobert. J’ai seulement vu un entrefilet annonçant l’arrivée de ce Vassal, dont nous a parlé souvent Olivier à New-York d’où il partira pour donner des concerts dans les principales villes des États-Unis et de l’Amérique du Sud.

— En a-t-il de la veine, celui-là, au lieu de s’abrutir comme nous le faisons !

— Et hélas ! sans grand espoir de succès, je crois.

— C’est tant pis pour nous, reprit Resseguier avec violence, pourquoi rester ici au lieu de tenter la chance ? Crois-tu qu’un Olivier par exemple pourrait mener la vie qui nous est destinée ?

— C’est bien vrai. Mais il est mieux préparé que nous à l’aventure. Il sera marin ; il n’a pas de parents qui l’arrêtent : son père est marin ; rien qui le lie ; il ne se soucie ni d’argent, ni de situation. Tandis que nous…

— Et qu’en ferons nous de cette situation, même si nous y parvenons, puisque nos goûts ne seront pas satis-