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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/147

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LA FIN DE RABEVEL

si longtemps elle continuait d’observer. Avec quelque dépit elle crut constater que Bernard prêtait la main au jeu. Et lui n’eut pas de peine à se rendre compte qu’elle devinait sa complicité sans en comprendre les motifs. Mais il résolut d’attendre qu’elle lui en parlât la première ce qui ne tarda pas.

Le hasard les avait en effet isolés, quelques jours après, sur un banc du jardin de la villa.

— Vous pourriez, dit Angèle sans autre préambule, me rendre un grand service.

— Si c’est possible, c’est fait, répondit sur un ton de plaisanterie ironique Bernard qui devinait la suite.

— Vous n’êtes pas sans avoir remarqué l’intimité d’Olivier et de cette jeune Isabelle. Vous connaissez le caractère impétueux de mon fils, caractère que je n’ai jamais pu arriver à mâter. Je crains que ces amours où il semble que la jeune fille se laisse aller avec beaucoup d’abandon ne se terminent par quelque catastrophe.

— Ce n’est pas du tout mon avis, répondit Rabevel, je crois au contraire que votre fils aura toujours assez d’empire sur lui-même pour que cette jeune fille reste une jeune fille.

— Et c’est sans doute avec cette conviction que vous vous bornez à contempler leurs jeux et même, dirait-on, à les favoriser ?

— Mon dessein est tout autre, ma bonne amie : je cherche tout uniment le moyen de garder votre fils à Paris.