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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/158

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LE MAL DES ARDENTS

retours, pensait-elle, il faudrait bien, si elle lui condamnait sa porte, qu’il l’épousât.

En attendant, elle conservait auprès de madame Rabevel, son masque d’amie et cela, chose curieuse, sans effort. Ce soir-là, elle lui avait conduit sa grande fille enfin revenue d’Espagne où elle était élevée ; elle ne comptait pas garder longtemps Nicole dont les dix-sept ans accusaient fâcheusement l’âge maternel ; mais comment ne pas la présenter à de si bons amis que les Rabevel ? et de plus, Vassal, attendu chaque jour, voudrait lui-même voir sa fille. Elle haussa les épaules ; quand serait-elle donc débarrassée de cet imbécile ?…

Cependant, on avait prié Nicole de se mettre au piano ; on savait que Vassal admirait son talent précoce et en était fier ; on se demandait avec curiosité si continuaient les progrès constatés à chacun de ses passages à Paris.

Dès qu’elle eût attaqué les premières mesures d’une douloureuse étude de Chopin, l’auditoire fut fixé : Vassal ne se trompait pas en proclamant le talent de Nicole. Marc et Olivier, dans un coin du salon où se pressaient les invités de Rabevel admiraient silencieusement auprès de Noë. Quand le piano fut refermé :

— Le charme de ce visage, dit Marc, est de ceux qui demeureront toujours inaccessibles à l’analyse. Voilà vraiment la matière où les agnostiques pourraient utilement s’affirmer.

— Il est d’une qualité si subtile ! dit Olivier.