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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/190

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LE MAL DES ARDENTS

refaisait en créant de ces sortes d’hôtels fréquentés une heure par les couples de passage ; ni Ventrouspet qu’une femme habile, insinuante et douée du génie des affaires guidait comme un mentor, ni Sarclant, l’entrepreneur des travaux publics, qui arrachait des Ingénieurs de la Ville des indemnités supplémentaires en organisant des éboulements dans les chantiers, proclamant sa ruine et feignant le suicide ; ni Trouilhet qui, à chacun de ses retours de prison plus riche, tentait de nouvelles corruptions de fonctionnaire et déchirait en deux les billets de banque donnant les deux moitiés l’une avant la forfaiture l’autre après ; ni Giaour, ni Cannebel, ni tant d’autres représentants de cette faune extraordinaire n’arrêtaient son attention autrement que par l’affaire qu’ils avaient ensemble à débattre. De chacun il triompha et il vint un moment où réellement il se sentit au-dessus de tout ce qui pour lui formait l’humanité.

Ce fut à ce moment fatalement que l’orgueil, plus fort encore que la luxure, le conseilla de nouveau avec une violence renouvelée. Tout cédait devant lui, tout ; Angèle seule n’avait pas cédé. Ses assauts d’un rythme périodique reprirent tant et si bien qu’un certain jour il trouva la porte close et sut qu’Angèle s’en était allée.

Il entra dans une colère sans nom. Il raconta tout à Balbine. Celle-ci qui eût été jalouse s’il avait réussi seul, se passa la langue sur les lèvres. Voilà donc une femme qui se disait honnête et qui faisait la mijaurée. Il n’était pas