Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
LE MAL DES ARDENTS

— Le major a été tué.

— J’ai écrit à votre régiment. On m’a renvoyé ma lettre avec un mot en bas : Évacué.

Et je craignais que vous fussiez mort de vos blessures. Ah ! la peur horrible… ne pas vous revoir une dernière fois, vous embrasser et puis, vous prendre dans mes bras et, si vous deviez mourir…

— Quoi ? Isabelle.

— Pardonnez-moi… mourir aussi à…

Il la bâillonna de la main. Il se sentait radieux et désespéré. Hélas ! ainsi l’amour véritable était auprès de lui et son cœur si proche d’une autre, répugnante, hideuse.

Isabelle délivrée le regardait tendrement. Chère, chère enfant. Une affection profonde lui restait pour elle qui lui permettait de ne pas décevoir tout-à-fait son amour.

— Je vous retrouve toujours pareille, Isabelle,

— Oh ! je ne change pas, dit-elle.

Parce qu’il l’avait regardée un peu tristement, elle rougit de confusion.

— Ne croyez pas à une allusion, Olivier. Je sais que vous m’avez bien aimée, bien grandement, sinon d’amour, puisque je vis aujourd’hui de ce souvenir. Peut-être ne vous reverrai-je plus, mais je suis heureuse de vous avoir vu. Je venais ici chaque jour. Je me remémorais nos entretiens, je parlais de vous avec le père Budel. Et puis je savais que si vous passiez un jour à Paris vous reviendriez par ici.