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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/247

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LA FIN DE RABEVEL

constances dans lesquelles ma malheureuse mère a trouvé la mort ?

Marc eut une sorte de sanglot et regarda son père. Ainsi se posait brusquement devant celle qui devait tout ignorer du débat où ils s’agitaient, la question angoissante dont dépendait la liberté d’Olivier et de Bernard. Les paroles se pressaient aux lèvres de Marc : « N’est-ce pas qu’Olivier n’est pas responsable ? Et voulez-vous tuer Isabelle ? Et pourquoi venger une femme qui eut la mort qu’elle méritait, qu’elle devait normalement attendre, à quoi tout la destinait ? » Mais, devant Nicole, il gardait un haletant silence. Il contemplait, entre les mains de son père, fébrilement agitée, l’histoire véritable du meurtre — le lettre de Rabevel.

Noë regarda longuement son fils et lui dit quelques mots à voix basse. Ensuite il froissa la lettre comme d’un geste machinal et la jeta au feu ; puis il essuya ses yeux. « C’est la condamnation d’une époque », dit-il imperceptiblement pour lui-même.

Marc répondit alors, avec une joie sourde, à Nicole :

— Qui connaîtra jamais la certitude ? La vérité brille avec la flamme et disparaît avec la fumée.

Nicole Vassal, fièvreuse, un peu grelottante, tendait ses mains vers le foyer. Elle avait ainsi, sans que sa pensée y participât, vers cette flamme qui allait pour toujours mourir avec son secret, le geste d’une suppliante.

Puis elle se leva ; elle tendit la main à Noë et à Eugénie ;