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LA FIN DE RABEVEL

jours de belle humeur qu’Angèle intimidait beaucoup.

Pas une minute, Angèle ne songea qu’une solution plus simple encore aurait consisté en son propre éloignement. Elle devait plus tard s’étonner de n’y avoir pas pensé. Mais déjà il semblait qu’à travers le temps et l’espace les pensées de son amant la guidâssent inexorablement. Il fut entendu qu’on livrerait la petite maison d’Angèle aux agents de la salubrité publique et qu’au bout de huit jours, lorsqu’elle serait redevenue habitable, toute la famille y émigrerait pour permettre à ces agents de pratiquer la même opération dans la demeure paternelle. Angèle s’installa donc de nouveau dans son ancienne chambre sur les remparts ; le petit demanda à coucher dans la chambre de son grand-père et sa mère ne s’y opposa pas ; elle participa à la besogne de nettoyage que la tante Rose, suivant son habitude à chaque visite que l’on recevait, décidait d’exécuter ; et ce fut elle qui, le matin du 2 Septembre, tira du placard les draps roides et parfumés pour le lit de Bernard. Elle achevait à peine de préparer sa chambre lorsqu’il arriva.

Il avait l’air de fort belle humeur et quand, après avoir changé de vêtements et fait ses ablutions, il redescendit, ses premiers mots furent pour déclarer que, s’il ne se trompait pas, tout allait s’arranger : « D’après les renseignements que vous m’avez donnés, je crois pouvoir prétendre que nous allons découvrir tout à l’heure quelque chose de beau. Est-ce que le fournisseur de vos machines vous a écrit ?