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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/66

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LE MAL DES ARDENTS

écus on ne peut pas s’aligner avec vos Bretons, nous autres caussenards ? Et si nous vous les achetions tous d’un lot vos terrains irrigués, vous nous donneriez bien la préférence et même un petit rabais sur ces pioches du Morbihan ?

Bernard se fit prier. La servante repassait le cognac. Joindou et ses amis dépensaient pour le convaincre des trésors d’éloquence.

— Enfin, dit-il paraissant se décider tout d’un coup, tout ça ce sont de bonnes paroles. On dit ça à la fin d’un bon dîner et, après, c’est fini. Si j’accepte ce soir, demain vous ne serez pas de la même humeur, vous viendrez tergiverser, et alors, naturellement, moi, je traiterai avec les gens du Morbihan et ceux de Pampelonne. Ce n’est que lorsque vous verrez arriver ces paroissiens que vous vous mordrez les doigts. Seulement c’est à moi que vous en voudrez. Non, merci, je connais trop cette manière de procéder. Allez, n’en parlons plus et restons bons amis.

De voir Bernard rompre et s’évader acheva d’amener les hésitants. Il ne fallait pas laisser travailler et s’installer des étrangers, ni manquer une telle affaire. Le monsieur craignait des volte-faces, eh bien ! pourquoi ne signerait-on pas un papier tout de suite ? Comme ça, on le tiendrait, lui aussi ; et il n’y aurait plus qu’à aller régulariser en passant l’acte chez le notaire. Il voulait son argent comptant ? On pourrait le lui donner le lendemain, s’il acceptait les obligations du Gouvernement ou du Foncier. Le cognac circulait toujours. Bernard vaincu enfin céda. On envoya chercher