— Avez-vous, demanda Bernard, un autre trois-mâts actuellement disponible ?
— Pas exactement, répondit Garial ; mais la Jamais Contente qui fait le Maroc doit arriver en principe le 26 ; on aura le temps de la décharger pour le 3 janvier ; d’ailleurs jamais la Scintillante ne pourra être ici avant le 15 Janvier.
— Vous dites ?
— Mais oui ; le torpilleur 108 nous câblait hier matin de Dakar qu’il l’avait rencontrée le 17 au sud d’Agadir où elle a dû être drossée par la tempête ; les vents sont contraires et elle va tirer des bordées pendant quelques jours.
— Pendant quelques jours ? dit un scribe en levant une belle tête rasée de vieux capitaine, au moins deux semaines elle va y rester ; toutes les tempêtes dans ce coin-là finissent par quinze jours de noroît ; j’en sais quelque chose, j’ai fait La Rochelle-Dakar pendant dix ans.
— Cela me donnera près d’un mois avec Angèle, pensa Bernard soudain saisi d’un vertige qui enflamma son front. Mais la pensée ne fit que passer et il revint aussitôt à ses calculs.
— Mais alors, dit-il, ça ne va pas du tout : la Jamais Contente ne peut rester inactive du 26 Décembre au 16 Janvier ! il faut trouver autre chose. Faites-moi voir vos graphiques.
— Comment ? demanda Garial.
— Ah ! bon ; vous ne savez pas ce que c’est. Donnez-moi l’état de votre flotte ; au port, disponible, en mer, etc…