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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/150

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LE MAL DES ARDENTS

votre publicité s’étant faite ainsi sur notre dos : mais je suis prêt à vous dédommager de ce sacrifice…

— Rien à faire, répondit dignement le costaud : la maison est honnête. D’ailleurs, l’Œil a écrit lui-même, il y a deux ou trois jours, qu’il ne parlerait plus de vous ; que voulez-vous de plus ?

— Il l’a écrit, il l’a écrit, maugréa Blinkine, mais s’il lui plaît de recommencer, insérerez-vous ?

— Certainement, répondit Monsieur Duchamp avec simplicité, notre journal a trop le respect de la Vérité pour la baîllonner. Excusez-moi, ajouta-t-il en consultant sa montre, c’est l’heure de mon assaut de boxe, je vous salue.

Blinkine, en se retirant, le vit aux prises avec un mannequin à ressorts qui recevait et rendait de formidables coups. Il s’en alla tout pensif.

Il n’arrivait pas à comprendre d’où venait l’attaque : il se sentait désorienté totalement et même se demandait si vraiment l’Œil était une invention, s’il n’existait pas quelque part un financier retiré de la bagarre, suivant les affaires en dilettante, et qui avait décortiqué la société Bordes parce que le destin la lui avait présentée ; puis, il portait ses soupçons sur des concurrents jaloux sans rien qui les pût fixer ; nul indice qui le mit sur une piste. Il songea bien à Bernard, mais le jeune homme devait à l’heure actuelle se sentir dans une situation assez difficile et ne penser qu’à ses asphaltières. « Cela me rappelle qu’il