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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/158

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LE MAL DES ARDENTS

800.000 francs comptant, nous avons des traites, le privilège du vendeur sur les bateaux. En somme aucun risque ? »

Ils écrivirent à Bordes pour le mettre au courant. Ils comptaient d’ailleurs le voir à l’Assemblée Générale qui devait avoir lieu le lendemain et qu’ils attendirent désormais avec impatience.

Bernard ne l’attendait pas avec moins d’impatience. Il avait agi avec la prudence du serpent. Dès le 10 Mars, grâce au concours de Monsieur Orsat, le crédit de seize cent mille francs lui était ouvert à la Banque Générale, 14, chaussée d’Antin. Il avait aussitôt commencé une série d’opérations réelles ou fictives qui avaient donné à ses nouveaux banquiers l’impression d’une affaire active, fertile en occasions d’escompte, d’agio, d’intérêts ; la solution de cas particuliers avait à différentes reprises nécessité sa présence et il avait eu tôt fait de se familiariser avec M. Mourre, le fondé de pouvoirs, à qui d’ailleurs son vieil ami et client, Monsieur Orsat, n’avait pas caché que le jeune homme allait devenir son gendre.

Quand arriva le 22 Mars, il avait achevé de toucher, par retraits quotidiens de diverse importance, ses seize cent mille francs.

— Ne me demandez plus rien, lui dit Mr. Mourre en le menaçant amicalement du doigt, vous m’avez pris tous mes agneaux.

— Ils reviendront avec des petits, répondit Bernard sur le même ton.