Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LE MAL DES ARDENTS

traits, pas un défaut qui ne lui plût ; il eût voulu la boire, la sentir fondre dans sa bouche comme un fruit. Et l’émoi même de la jeune femme à cette minute le ravissait ; il le laissa se prolonger pour son plaisir ; elle avait les sourcils légèrement relevés dans une expression de désarroi et d’inquiétude encore mal définis, elle le regarda profondément, mit, avec un peu de timidité sa main sur la main du jeune homme ; il savoura quelques secondes et par avance l’impression qu’il allait ressentir et qu’il prévoyait, l’impression divine de puissance, d’autorité, l’encens délicieux de la gratitude, et il lui dit enfin : « Nous ? c’est bien simple, nous avons un train à 5 h. 10, nous serons pour dîner à Montauban où nous coucherons ; et demain nous partirons pour le Quercy… Cela te va-t-il ?

— « Ah ! mon amour ! » dit-elle radieuse.

— Eh bien ! va te reposer et te préparer. Il est deux heures. Je retourne chez Bordes et, à quatre heures et demie, je t’attendrai devant l’hôtel avec une voiture. C’est entendu.

Ils étaient seuls dans la salle à manger. Elle lui sauta au cou. — « C’est entendu » répéta-t-elle, et elle se sauva, légère dans l’escalier.

Quand il arriva au bureau de Garial il le trouva en conversation avec un jeune homme fort élégant qui pouvait avoir vingt-six ans environ et qui se présenta lui-même.

— Louis Mazelier, secrétaire général de la maison Bordes.