Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
LE MAL DES ARDENTS

Quand Bernard y pénétra à son tour, il reconnut la femme qui accueillait Angèle par des questions et des tendresses ; c’était la tante Rose, celle qui la conduisait autrefois aux bains de mer ; elle fut ravie qu’il le lui dît : « Et moi, s’écria-t-elle, qui croyais avoir tellement vieilli avec mes douleurs !

— Vous avez des douleurs !

— Hélas ! doux Jésus, sans quoi vous pensez bien que je serais venue à Paris soigner cette petite quand elle est tombée malade. Tu ne te ressens au moins de rien, petite ? Bon. Heureusement. Mais tu avais bien besoin de revenir à Paris pour prendre tes malles après le départ de François ! Est-ce qu’on ne te les aurait pas envoyées ? C’est une enfant, toujours une enfant ! Encore heureux qu’on l’ait soignée comme il faut et si bon marché à cette clinique où elle était ! et que vous êtes bon de l’avoir accompagnée, Monsieur, elle aurait pu être malade de nouveau dans le train. Elle est bien pâlotte…

Bernard songeait : « que de mensonges il a fallu pour tranquilliser cette pauvre femme ! »

— Mandine, conduis donc ce Monsieur dans sa chambre » dit la tante Rose. Il monta, par un vieil escalier sculpté, jusqu’au premier étage, suivant la servante ; le plancher, la rampe, étaient en chêne noir ; sur le palier, de grandes armoires en noyer ciré luisaient dans l’ombre. Plusieurs portes s’ouvraient sur ces pas-perdus. Mandine poussa l’une d’elles et Bernard se trouva dans une pièce ronde,