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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/185

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LE FINANCIER RABEVEL

— Cela vous tente, fit-elle en riant.

— Ma foi non.

— Je comprends cela ; je vous quitte, voisin. À tout à l’heure.

Quand il redescendit, une cloche aigre sonnait midi. Angèle simplement vêtue, en tablier, tout accorte allait et venait, mettait le couvert sur une table rectangulaire et massive, couverte d’une nappe bise. On entendait à côté, dans la cuisine qui était la pièce essentielle du rez-de-chaussée, Mauléon parler à ses valets tandis qu’ils mangeaient la soupe.

— Rigaillou, vous ferez déferrer les juments par le maréchal ; c’est à craindre qu’elles blessent les poulains ; et, au retour, vous les lâcherez au pré de la Pièce, qu’elles puissent trotter et faire quelques pets ; le temps est de bonne humeur, ça les ressuscitera ces bestiaux. En rentrant, posez quelques fourchées de paille blanche, de celle de l’année dernière qui est la plus longue, sur leur litière, rebouchez les trous d’air avec des torchons de foin, il ne faut pas que les bêtes risquent des coliques avec le serein. Quand vous aurez fini, vous prendrez la bêche et vous irez me retourner la terre du Reg, aux quatre coins, là où la herse et l’araire n’ont pas pu passer ; vous sèmerez l’avoine et vous recouvrirez. Autant de retrouvé en profit et l’ouvrage est plus belle.

Bernard se leva tout doucement et gagna un coin de la cuisine d’où il pouvait voir en même temps qu’entendre.