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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/216

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LE MAL DES ARDENTS

— Je réserve ma manière de voir ; je regrette de n’avoir aucune confiance en vous.

— Je reprends, dit Bordes. Avec ces deux millions nous pensons pouvoir acheter la créance que possède un de nos grands chantiers navals sur certaine autre société d’armement actuellement en liquidation ; le gage de cette créance est précisément constitué par les deux vapeurs dont je vous parlais à l’instant et dont partie est payée ; je ne vous donne pas certains détails qu’il vaut mieux laisser ignorés. Vous comprenez aisément que, d’une part, l’acquéreur défaillant consente des sacrifices comme le vendeur ennuyé, en sorte que nous allons avoir pour ce prix un matériel qui vaut près du double. Au point de vue de l’utilisation nous pouvons considérer que, en raison du tonnage égal, ces deux vapeurs nous feront un service triple de celui des voiliers vendus. De plus, ils nous permettront de retenir ou de rappeler une clientèle pour qui la rapidité prime toute autre considération et enfin de prétendre à un taux de fret plus élevé que celui que nous pouvons actuellement exiger.

Mulot se leva.

— Je comprends qu’une telle combinaison puisse déplaire à certains pessimistes et à certains ambitieux pressés. Nous ne la réaliserons pas moins pour le plus grand bien de l’affaire.

— Je suis convaincu au contraire que, si vraiment cette combinaison se présente sous l’aspect riant que vous lui