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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/249

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LE FINANCIER RABEVEL

fois Bernard et lui-même ; pour Ranquillos, les deux associés étaient des canailles à qui il fallait faire rendre gorge sous forme d’une commission des trois cent mille francs réclamés en sus. Aucun ne pouvait soupçonner les conséquences tragiques de la substitution des titres aux espèces ; là encore le génie de Bernard avait réussi à obtenir le silence de tous les intéressés de la façon la plus simple et la plus irrésistible. Et tous eûssent-ils parlé à la fois, de quelle preuve de quel commencement de preuve eussent-ils pu appuyer leurs allégations ?

— Ma parole, finit-il par dire, je crois que, à la place de Mulot et de Blinkine, j’aurais marché comme ils l’ont fait.

Pourtant ces deux hommes n’étaient pas les premiers venus. Fallait-il donc qu’une machination parfaitement ourdie suffit à briser la situation acquise par de nombreuses années de patience, de ruses, et d’efforts ? Ces financiers, s’ils avaient disposé de huit cent mille francs tout de suite, étaient sauvés. Non, tout de même, car Bernard les eût accusés de vol et rien ne les aurait pu blanchir de cette accusation. Mais enfin… Du coup la pensée du jeune homme en vint à son prochain mariage. Un instant il avait hésité, repris par le désir de vivre toute sa vie avec Angèle. Mais non ; le mariage avec Reine c’était cette sécurité d’argent liquide que n’avait pas eue Mulot, c’était la seule solution à envisager.

Il passa dans sa chambre, s’habilla. Justement, ce soir-là,