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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/253

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LE FINANCIER RABEVEL

ne l’eût pas été pour qui eût pu connaître dans leurs détails les manœuvres qui avaient conduit Bernard à sa victoire sur ses adversaires. La lutte pour assurer la prospérité de sa Cie ne demandait pas le dixième des qualités qu’il avait montrées à ce moment là. Mais comme il en jouissait ! Recevoir tout le jour des télégrammes de tous les ports du monde, piquer chaque matin chaque navire à son nouveau point sur la mappemonde, calculer les jours de route, régler la répartition du fret quelle occupation excitante !

— Yokohama a deux cents tonnes pour San Francisco. Le Suffren va arriver demain à Chang-Haï. Qu’est-ce qui l’attend là ? Cinq cents tonnes pour Vancouver. Il faut qu’il les prenne tout de suite, se complète par les huit cents d’Haïphong pour Nagasaki. Télégraphiez tout de suite dans ce sens à notre agent à Chang-Haï. Prévenez Yokohama que le Suffren sera à son quai dans neuf jours et demandez-lui de trouver un complément de trois cents tonnes même à taux réduit pour arriver à balancer le déchargement de huit cents tonnes à Nagasaki. Et ça qu’est-ce que c’est ? Douze cents à Dakar pour Bordeaux ? Qui avons-nous de ce côté-là ? le Montcalm va y arriver. Télégraphiez que nous acceptons. Ah ! c’est vrai, on avait prévu qu’il devait prendre là trois mille pour Alger. Ennuyeux cela ! Des arachides pour Bordeaux, dites-vous, et du coton pour Alger. Eh bien ! il faut faire Dakar-Bordeaux-Alger, on ne peut pas refuser à la Société Cotonnière du