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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/257

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LE FINANCIER RABEVEL

j’ai pu débrouiller jusqu’ici, je me suis rendue compte qu’il y avait deux sortes d’affaires : les prospères et les autres ; les prospères, elles ont servi à vous payer ; les autres restent. Il y a aussi cent six actions de la Cie Bordes qui ne sont pas cotées pour le moment. Que vais-je faire ?

— Si vous ne le savez pas, dit Bernard avec le plus grand calme, comment voulez-vous que je le sache moi-même ?

Madame Mulot fondit en larmes ; il n’était pas ému et la considérait curieusement. Elle se leva :

— J’aurais voulu, dit-elle, mener une vie tranquille et simple, pouvoir vous voir, être Madame Veuve Mulot digne de mon fils, et non plus la Farnésina ; vous me rejetez à la noce.

Il fut touché dans son orgueil. Aïe ! Devait-il admettre qu’on pût dire d’une catin qu’elle était sa mère !

— Asseyez-vous, répliqua-t-il. Écoutez, je vais réfléchir à ce que je peux tenter pour vous. Envoyez-moi tous les dossiers de votre mari, j’étudierai cela et je vous ferai une proposition. Il ne sera pas dit que je vous ai rejetée à votre vie de débauche par ma ladrerie à votre égard, malgré tout ce que vous avez fait contre moi. Je veux aussi vous témoigner ma reconnaissance de l’inaction manifestée par votre silence sur mes relations avec Sernola, bien que l’efficacité de ce silence me paraisse encore avoir été bien faible. Revenez demain.

Il s’inclina devant elle comme devant une étrangère.