CHAPITRE PREMIER
— Je crois, dit Bernard en descendant du train que le mieux sera de vous installer à votre hôtel ; je vous y conduirai si vous le permettez. Pendant que vous vous reposerez je me rendrai au port et je vous rapporterai des nouvelles toutes fraîches. Peut-être même, ajouta-t-il d’un ton glacé, vous ramènerai-je François.
Elle se rapprocha de lui et il la sentit tremblante. À l’hôtel il l’accompagna jusque dans la chambre qui lui était réservée ; il n’était guère ému sachant que François était loin encore ; mais elle frissonnait : ce mari qu’elle connaissait si peu, qu’elle n’aimait point sinon d’une bonne affection de camarade, ce mari était son maître ; elle ne se rappelait pas sans répugnance l’assaut maladroit et brutal de la nuit de noces ; il allait venir ; l’évocation de son image aurait pu suffire à chasser le bien-aimé Bernard ; et lui, il ne s’inquiétait pas, il demeurait paisible et fort : Comme