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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/181

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

moyen d’aller en gare directement par voie ferrée de Cantaoussel à la petite station de Mérugnet ! « Il faudra que j’y songe » se dit-il.

Le lendemain soir il arrivait à Saint-Chamas, traitait avec le directeur, et, sur son conseil, s’arrêtait au retour à Nîmes, Toulouse, Montauban et Bordeaux où il enlevait pour les casernes ou les Poudreries de fortes commandes atteignant au total le million. Il rentra harassé à Cantaoussel.

Dès qu’il arriva, il fit appeler Me Fougnasse.

— Vous êtes libre, lui dit-il. Allez au diable. Mais tâchez que je n’entende plus parler de vous, sans quoi vous savez qu’un gendarme vous pend au nez comme un sifflet de deux sous. Et, je vous en prie, pas un mot car j’ai des fourmis dans les doigts. Signez-moi toutefois cette petite reconnaissance de vol.

Me Fougnasse signa en tremblant et disparut. Monsieur Georges fit son rapport. Tout s’était bien passé. Quelques paysans étaient venus, avaient été expulsés sans douceur et étaient repartis surpris. Le matin même, Monsieur Bartuel était arrivé d’Issoire pour voir « ces Messieurs », mais n’avait pas été reçu. Le sentiment qui paraissait dominer était la stupeur. Le travail marchait bien.

Bernard alla faire son tour de chantier. Tout lui sembla satisfaisant et il en complimenta l’ingénieur et le contremaître qu’il sentait tous deux dociles et sensibles. Puis il demanda à Pagès :