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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/187

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

— Oui, oui, répondirent les auditeurs.

— Je continue. Dès que le Syndicat a vu arriver, il y a quatre ans, la période d’expiration, il s’est mis en campagne et la conclusion fut la suivante : aucun des propriétaires n’a voulu renouveler la convention. Notre société a passé outre ; d’où procès, constats d’huissiers, empêchements de travail, etc. etc… vous en savez autant et plus que moi là-dessus. L’affaire s’est compliquée du fait que le directeur local de notre société était secrètement à la solde du Syndicat, ce dont j’ai eu la preuve formelle dès mon arrivée.

Et, notant les marques de surprise et les sourires, Bernard ajouta gentiment :

— Vous voyez que je sais tout ; nous n’avons rien à nous cacher ; j’ai flanqué le nommé Fougnasse à la porte et nous sommes entre nous. Rien de changé, vous pouvez parler à cœur ouvert et nous sommes faits pour nous entendre. La seule différence dans la situation c’est que, au lieu de suivre le Syndicat avec Fouguasse vous suivrez ma Société avec moi ; et cela parce que c’est votre intérêt. Je vais vous montrer cela tout à l’heure. En attendant, comme vous me faites sécher la gorge avec tant de paroles et que beaucoup d’entre vous ont besoin de se refaire un peu, nous allons laisser là les affaires et trinquer ensemble.

Les propriétaires, tous paysans ou hobereaux, approuvèrent bruyamment. Bernard fit servir une collation et recommanda aux serveuses de ne laisser aucun verre à demi plein. Quand la chaleur communicative des banquets