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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/223

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LA JEUNESSE DE RABEVEL

tout cela. Ce qu’il ne sait pas c’est que François a profité du vapeur pour rentrer ; arrivé à Lisbonne, effrayé de sa propre audace, il a demandé par télégramme à son ami Garial ce qu’il lui conseillait de faire ; et Garial m’a consulté officieusement. Évidemment ce n’est pas régulier, il devait rester à son bord et son père est aussi coupable que lui, mais enfin c’est un jeune marié, n’est-ce pas ? on comprend ces choses-là. Il vaut mieux que son administration n’en sache rien, bien entendu, mais j’ai pris sur moi de dire à Garial qu’il lui télégraphie de se rendre à Bordeaux ; il y sera demain. D’autre part, Garial doit télégraphier avant midi à Angèle officiellement que le sémaphore de la Pointe de Grave a signalé la Scintillante du retour de laquelle il est prévenu. Tu comprends ? Ainsi s’il y a quelque chose qui marche mal, Garial rejettera tout sur une erreur du sémaphore et l’affaire n’aura pas d’autres suites. L’essentiel pour l’instant est que la femme de François ne sorte pas avant trois heures, heure à laquelle elle aura certainement reçu son télégramme. Ainsi elle aura le temps de se préparer pour prendre le train ce soir.

— Mais, je ne comprends pas pourquoi tu ne la préviens pas toi-même ?

— Ah ! non, mon vieux, j’en fais assez en fermant les yeux sans vouloir montrer davantage comment je favorise quelque chose d’absolument irrégulier. Qu’Angèle sache que je suis un personnage chez Bordes, cela est nécessaire. Mais il faut qu’elle m’évite et qu’elle évite tout le