Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
LE MAL DES ARDENTS

mais il a une base scientifique solide et des principes ; il s’agit de trouver une école qui fasse fructifier ses qualités puisqu’on ne peut pas penser au lycée en raison du prix de pension. Malheureusement je ne vois guère où nous pourrons trouver cela.

— j’aurais peut être votre affaire, moi, fit alors le frère Valier, si vous ne redoutez pas pour Bernard les dangers de l’obscurantisme.

Et il coula un regard vers Lazare ; celui-ci sentit la pointe.

— Vous lui feriez une place gratuite chez les ignorantins ? demanda-t-il.

— Gratuite, hélas ! non, répondit le frère Valier, car ceux que vous appelez si aimablement les ignorantins pourraient s’appeler plus justement les pauvres ; mais enfin je crois qu’avec cinq cents francs pour l’année scolaire.

— Cinq cents francs, cinq cents francs ! et où voulez-vous les trouver, dit le vieux Jérôme. Rodolphe a de la peine à les mettre de côté pour lui ; et pourtant, il faut bien penser à l’avenir ; il faut bien penser qu’un jour ou l’autre il aura des enfants, que diable ! Quant à Noë, il faut prévoir aussi qu’il se mariera et devra se monter, se mettre en ménage ; s’il épargne quelques pistoles, il faut qu’il les garde. Avec ça, tout le monde vit ici sur ce qu’ils gagnent, nous, les vieux, aussi bien que l’enfant. Et les affaires ne sont pas brillantes, vous savez.

— Mon bon monsieur, dit le frère Valier, partout ailleurs