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Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/114

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intérieur rentra dans l’ordre. J’éprouve quelquefois une grande répugnance de cœur à boire mon calice. Comment ce cœur, qui est un si petit espace, peut-il renfermer tant d’existence et tant de chagrins ? Je suis bien mécontente de moi, bien mécontente. Mes affaires et mes idées m’entraînent, je ne m’occupe presque plus de Dieu et je me borne à lui dire cent fois par jour : Seigneur, hâtez-vous de m’exaucer, car mon esprit tombe dans la défaillance.

XI

Mon frère, ne te fatigue ni de mes lettres ni de ma présence ; pense que bientôt tu seras pour toujours délivré de mes importunités. Ma vie jette sa dernière clarté, lampe qui s’est consumée dans les ténèbres d’une longue nuit, et qui voit naître l’aurore où elle va mourir. Veuille, mon frère, donner un seul coup d’œil sur les premiers moments de notre existence ; rappelle-toi que souvent nous avons été assis sur les mêmes genoux, et pressés ensemble tous deux sur