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Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/22

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partement de sa mère. Elle y déjeunait le matin à huit heures. La cloche sonnait dès onze heures et demie le dîner de midi. Le repas était servi dans la grand’salle, faite pour cinquante chevaliers, et dont la boiserie blanche était couverte de vieux portraits. Après le repas, on restait une longue heure devant l’énorme cheminée, aux côtés du père de famille, plus glacial et plus morne que les portraits des ancêtres. À deux heures, tandis que le comte s’en allait en chasse ou à la pêche et que la comtesse priait dans la chapelle, Lucile s’enfermait dans sa chambre et rêvait jusqu’à ce que la cloche l’appelât pour le souper de huit heures. Par les belles soirées, elle restait assise sur le perron, près de sa mère, et regardait le soleil couchant empourprer les arbres, pendant que son père tirait les chouettes qui sortaient des créneaux à la tombée de la nuit. L’hiver, on restait après le souper dans la grand’salle. Lucile se tenait devant le feu avec sa mère. M. de Chateaubriand, grand et sec, le nez en bec d’aigle et les yeux