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Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/34

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béatitude en songeant qu’il avait fini la Révolution. LouisXVI pleura comme lui. Sans doute, dans son épaisse candeur, il était content aussi.

Le bon Bailly n’était pas encore remis de son attendrissement civique, quand Lucile, accoudée avec sa sœur et toute la famille bretonne aux fenêtres de l’hôtel, entendit crier : « Fermez les portes ; fermez les portes ! » Elle vit venir une troupe d’hommes en guenilles, et chercha à voir ce qu’il y avait sur deux piques qu’on escortait avec des huées. Elle vit que c’étaient deux têtes coupées et tomba évanouie. Ces têtes étaient celles de Bertier et de Foullon. A compter de ce moment, elle eut horreur de la Révolution. Dans la nuit du 4 août, sur la motion du vicomte de Noailles, les droits féodaux furent abolis, sacrifice léger pour une cadette de Bretagne qui ne possédait que son nom et méprisait tous les biens de la terre.

La Révolution suivait son cours. Il y avait partout une plénitude de vie, un contentement d’être et de jouir. On chantait. La belle société,