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Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/332

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leur métairie en toute propriété, et ce fut là un argument irrésistible. D’ailleurs, la jeune fille elle-même était consentante et dit à sa mère : — Je le prendrai volontiers, ma mère ; si mes deux sœurs ont perdu la vie, c’est de leur faute ; c’est leur langue qui en a été la cause.

On fit donc des préparatifs de noces au château, pour la troisième fois. Comme ses deux aînées, la jeune fiancée alla causer avec les lavandières sur l’étang.

— Comment, lui disaient-elles, une jolie fille comme vous, vous allez vous marier avec quelqu’un qui a une tête de poulain, et après ce qui est arrivé à vos deux sœurs aînées !

— Oui, oui, répondit-elle, avec assurance, je me marierai avec lui et je n’ai pas peur qu’il m’arrive comme à mes sœurs ; s’il leur est arrivé malheur, c’est leur langue qui en a été la cause.

En ce moment, vint à passer le même seigneur que les deux autres fois, qui entendit la conversation, et poursuivit sa route, sans rien dire, cette fois.

Les noces eurent lieu avec grande pompe et solennité ; festins magnifiques, musique, danses, jeux et divertissements de toute sorte, comme les deux premières fois. La seule différence fut que, le lendemain, la jeune mariée vivait encore. Pendant neuf mois, elle vécut heureuse avec son