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Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/323

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Murlu parut tout à coup dans la salle du festin. Tout le monde se leva, saisi de frayeur, et voulut fuir. Mais le monstre, changeant soudain de forme, se présenta sous les traits d’une belle reine et parla de la sorte :

— Je suis la première femme du roi de France. Pour me punir d’avoir voulu séduire le premier page qu’il me donna, et qui était une jeune fille déguisée, laquelle devint plus tard la mère de ce jeune et vaillant prince, dont vous célébrez aujourd’hui le mariage, j’avais été condamnée à rester sous la forme que je viens de quitter, jusqu’à ce que j’eusse réussi à marier le prince à une princesse qu’il aurait sauvée du serpent qui devait la dévorer.

Ces conditions sont accomplies et mon expiation est terminée.

Et, ayant prononcé ces paroles, elle s’évanouit et disparut.


(Conté par Guillaume Garandel, à Plouaret, 1871.)


A rapprocher du conte de Straparole, Nuit V, fable I.

« Guerrin, fils unique de Philippe Marie, roy de Sicile, délivre un homme sauvage de la prison du père, et la mère, pour la crainte du père, l’envoya en exil, et l’homme sauvage, estant apprivoisé, délivra Guerrin de plusieurs grands inconvéniens. »