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Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/334

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part de plusieurs trous. Tous les jours, elle vient éprouver ses forces contre ces chênes. Vous vous cacherez derrière le dernier, au nord, non pas au milieu du tronc, autrement, vous seriez transpercée vous-même, mais un peu de côté. La Licorne prendra son élan, poussera un cri terrible et se précipitera sur les arbres, du côté du midi. Sa corne dépassera le neuvième et viendra sortir près de vous. Dès que vous la verrez, vous sortirez de votre cachette, vous courrez à la bête et lui couperez le cou avec votre sabre. Vous n’aurez rien à craindre, car il lui faut plus de temps pour retirer sa corne des arbres que pour l’y enfoncer. Ayez bien soin aussi qu’elle ne vous aperçoive pas avant d’avoir enfoncé sa corne dans les arbres, car son regard seul suffirait pour vous donner la mort. Allez, mon enfant, du courage et bonne chance.

Et la vieille se retira alors.

Le capitaine Lixur, rassuré, pénétra dans le bois. Il reconnut facilement, à leurs trous, les arbres que la fée lui avait désignés. Midi approchait, et il se cacha derrière le dernier, au nord. Bientôt il entendit un cri épouvantable, qui le glaça de frayeur, bien qu’il ne fût pas peureux. Et la Licorne arriva, un instant après. Elle prit son élan, poussa un autre cri, fondit tête baissée sur le premier des neuf chênes, au midi, et la