Aller au contenu

Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et il entra dans la quatrième salle, et resta immobile, la bouche ouverte, et comme pétrifié, à la vue de la merveille qui s’y trouvait. C’était une jeune princesse, belle comme le soleil béni de Dieu, quand il se lève, un beau jour de printemps, et qui sommeillait sur un lit en or massif, enchâssé de diamants et de perles. Il s’approcha d’elle, tout doucement et sur la pointe du pied, de peur de l’éveiller. Il posa un baiser sur une de ses mains, qui pendait hors du lit. Elle ne fit aucun mouvement. Il s’enhardit et se coucha à côté d’elle, et lui donna le baiser qu’il fallait. Elle s’éveilla alors, ouvrit peu à peu les yeux et lui sourit doucement, en disant : « Mon amour ! »

Mais Alanic, effrayé de son audace, sauta à bas du lit, et, dans son trouble, chaussa un de ses souliers et une des pantoufles de la princesse, et s’enfuit, au plus vite.

La princesse se leva aussi, et le poursuivit, à travers les salles, puis la cour, puis hors de la cour. Elle le perdit de vue, dans le bois sombre qui entourait le château, et en éprouva une grande douleur.

Sur la lisière du bois, était un grand chemin, par où passaient tous ceux qui se rendaient en Espagne. Elle se dit :

— Tôt ou tard, il passera par ce chemin, — car elle savait qu’il devait aller en Espagne.