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Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/52

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quatrième il ne savait à qui la donner, quand la princesse la réclama pour sa femme de chambre. On attaqua les pommes aussitôt et on les trouva délicieuses. Mais, voici bien une autre affaire. On s’aperçut bientôt que deux cornes poussaient, à vue d’œil, sur le front de chacun des mangeurs de pommes, et elles montaient si rapidement, qu’elles atteignirent bientôt le plafond de la salle. Les cornards se regardaient d’abord avec étonnement et en riant les uns des autres ; puis, ils s’inquiétèrent, ils pleurèrent et poussèrent des cris. Ce ne fut qu’avec peine et en baissant la tête, qu’ils purent passer par la porte de la salle à manger, pour se rendre chacun dans sa chambre. On fit venir des médecins ; mais, ils ne comprenaient rien à un pareil phénomène. On publia alors, par toute la ville, que quiconque guérirait la famille royale et ferait disparaître les cornes obtiendrait la main de la princesse, ou une très forte somme d’argent, s’il était déjà marié. Les médecins, les chirurgiens, les magiciens, les sorciers, arrivaient de tous côtés, mais, tous y perdaient leur latin et leurs remèdes.

Le clerc avait, à dessein, laissé passer tout le monde avant lui. Il se présenta aussi, quand il jugea à-propos, ayant au bras un panier recouvert d’une serviette blanche et rempli d’orties et d’autres herbes. Il dit au portier :