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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/120

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Quand tous les convives furent assis à table et qu’on commença à être échauffé par le vin, on donna l’ordre d’amener l’animal sauvage dans la salle du festin, afin qu’on pût l’examiner de près.

Une nourrice qui se trouvait dans le château, avec un enfant de deux ou trois mois, entra aussi par curiosité dans la salle, avec son enfant sur le bras.

L’enfant considéra bien attentivement le monstre et lui dit très-distinctement :

— « Relève-toi, Jean Guérin ; ta paix est faite avec Dieu ! »

Aussitôt le bon ermite se leva sur ses deux pieds, et les assistants, saisis de trouble, le regardèrent avec étonnement.

Le bon ermite se jeta alors à genoux aux pieds du comte et lui parla de la sorte :

— « Je suis Jean Guérin, le méchant, pire que ne fut jamais barbare ni tyran ; j’ai déshonoré votre fille chérie, et ensuite je l’ai tuée.

« J’ai caché son corps sous une pierre, afin