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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/131

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sainte pour communier, je lui soufflai dans l’oreille : « Mettez l’hostie dans votre poche ; emportez-la chez vous, puis jetez-la dans la mare où barbottent les canards, et vous verrez des choses extraordinaires. » Elle a fait de point en point comme je lui ai dit, et quand elle jeta l’hostie dans la mare, un crapaud vint qui l’avala, et aussitôt je pris possession du corps de la princesse. Depuis ce moment, elle ne fait que jurer et blasphémer, et injurier et insulter son père et sa mère, et les menacer de les tuer, si bien qu’il a fallu l’attacher avec une chaîne de fer. Elle crie et hurle comme une bête sauvage ; personne n’ose approcher d’elle, et on lui présente sa nourriture au bout d’une fourche de fer.

— Voilà qui est à merveille ; mais prends bien garde qu’elle t’échappe ; tu ne devrais pas t’en éloigner de la sorte.

— Soyez tranquilles à ce sujet ; pendant que je suis venu ici, pour vous faire part de la bonne nouvelle, j’ai envoyé à ma place notre camarade Astaroth, et elle n’échappera pas à celui-là, vous le savez bien.

— Comment faudrait-il s’y prendre pour te l’enlever ?

— Je vous le dirais bien à vous, mais je crains d’être entendu... S’il y avait quelqu’un à nous écouter...