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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/148

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son gibet, les dominait et semblait les exciter. Ils cherchèrent et furetèrent partout, en criant : Hé ! Alan Kerglaz, es-tu exact au rendez-vous ? Nous venons te chercher ; où donc es-tu ? Il faut quitter, ta belle Yvonne, qui passera aux bras d’un autre, et venir avec nous, chez notre maître Satan, qui t’attend !...

Kerglaz se tenait à genoux derrière l’enfant, mourant de frayeur. Maintes fois, les diables passèrent et repassèrent à côté de lui, sans le voir, car son filleul le rendait invisible pour eux. Ne le trouvant pas, ils crièrent : Il n’est pas venu au rendez-vous ; allons le chercher chez lui et l’arracher du lit de sa jeune femme !

Et ils partirent avec un vacarme épouvantable. Ils entrèrent dans sa maison, par la cheminée, comme un tourbillon, cherchèrent et furetèrent dans tous les coins et recoins, et, ne le trouvant pas, ils s’en allèrent encore par la cheminée et emportèrent une partie du pignon de la maison qu’on n’a jamais pu relever depuis. Ils revinrent à la lande, y cherchèrent encore, mais toujours en vain ; et comme le chant du coq se fit entendre dans une ferme voisine, ils s’en retournèrent chez eux, dans l’enfer, furieux de n’avoir pas trouvé leur homme.

Alors l’enfant se leva et dit à Alan Kerglax :

— À présent, tout danger est passé, mon par-