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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/171

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En arrivant dans sa maison , reprit la conteuse, Fantic serra le linceul dans son armoire, puis elle dit une petite prière, bien courte, bien courte, et se coucha tranquillement. Mais, dans la nuit, elle eut un rêve. Il lui sembla voir sa mère, toute nue, décharnée, horrible à voir, et qui lui dit par trois fois d’une voix lamentable : Rends-moi mon linceul ! Rends-moi mon linceul !! Rends-moi mon linceul !!!

Fantic se réveilla, tout effrayée, et n’apercevant plus le fantôme, elle s’en trouva soulagée, et dit :

— Ah ! c’est un songe, heureusement !

Et elle se rendormit.

Le lendemain matin, elle alla à son ouvrage, comme à l’ordinaire, sans songer à remettre le linceul sur la tombe de sa mère, et elle ne dit rien à personne de tout ceci.

Mais, la nuit suivante, comme elle était couchée, le fantôme lui apparut de nouveau et lui dit encore, par trois fois, et d’une voix plus désolée et plus terrible que la veille : Rends-moi mon linceul ! Rends-moi mon linceul !! Rends-moi mon linceul !!!

Fantic eut bien peur, cette fois, car il lui semblait qu’elle ne dormait pas au moment de l’apparition. Elle fit pourtant tout son possible pour se persuader que c’était un rêve, et elle garda encore le linceul et n’en dit rien à personne.