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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/174

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— Je vois les morts au fond de leurs tombes ouvertes !... J’ai grand peur ! j’ai grand peur !!...

— Encore quelques pas, mon enfant ; songez à votre pauvre mère, qui est si malheureuse par votre faute.

Et elle fit un nouvel effort ; puis elle s’arrêta encore, folle d’épouvante.

— Que voyez-vous, mon enfant ?... lui demanda encore le prêtre.

— Je vois ma mère, toute nue, debout sur sa pierre tombale, menaçante, horrible à voir !...

— Du courage ! du courage !... Allez jusqu’à elle, et rendez-lui son linceul.

— Je n’ose pas I je ne puis faire un seul pas de plus !... Ah ! Jésus mon Dieu !!...

Et elle poussa un cri épouvantable.

De son bras de squelette, sa mère l’avait saisie et entraînée avec elle au fond de sa tombe. Et aussitôt la pierre tombale, qui s’était soulevée, retomba sur la mère et la fille, avec un grand bruit !...

Puis on n’entendit plus rien. Mais Fantic Loho avait disparu, et personne au monde ne la revit depuis cette nuit.


(Conté par Marguerite Philippe, de Pluzunet,
Côtes-du-Nord, 1870.)


Dans la première édition de ses Derniers Bretons, qui est de 1836, M. Émile Souvestre a donné, tome I, page 72, sous le