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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/218

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— Tiens ! j’ai oublié d’emporter l’argent nécessaire pour notre voyage ! Je n’ai pas un sou sur moi. Retournez, je vous prie, prendre de l’argent à la maison, et je vous attendrai ici.

Le mari retourna sur ses pas ; mais sa femme ne l’attendit pas, comme elle avait promis de le faire, et elle continua seule sa route.

Après beaucoup de temps et de peine, elle finit par arriver à Rome ; elle se jeta aux pieds du Saint-Père et les arrosa de ses larmes. Elle se confessa à lui et ne lui cacha rien. Elle fut conduite alors dans la chambre de pénitence, et on lui donna un morceau de pain et un pot rempli d’eau. On l’oublia là pendant un an environ, sans que personne lui portât à manger ou à boire. Au bout d’un an, on conduisit un autre pénitent à la même chambre, où l’on croyait qu’il n’y avait personne.

Le gardien qui le conduisait fut bien étonné d’y trouver une femme en vie et bien portante, comme si elle venait d’y entrer. Alors il se rappela qu’il l’y avait conduite lui-même, il y avait un an. Comment avait-elle pu vivre si longtemps avec un peu de pain et d’eau ? C’était certainement un grand miracle de la part de Dieu. Il courut en avertir le Saint-Père, qui fit aussitôt remettre la pauvre femme en liberté, et elle re-