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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/239

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— Quoi qu’elle fasse, il faut que sa destinée s’accomplisse : elle sera absente de son pays pendant sept ans, et aura sept enfants bâtards, quand bien même vous l’épouseriez. Croyez-m’en donc, et épousez Jeanne, au lieu de Françoise.

Ils se séparèrent là-dessus, et le vieillard alla d’un côté et François Kergargal d’un autre.

Voilà François tout troublé de ce qu’il venait d’entendre, et bien embarrassé de savoir ce qu’il devait faire. Le vieillard avait un air vénérable, et il paraissait s’intéresser réellement à lui. Mais il aimait Françoise, et ils étaient du reste d’accord, et tout était arrêté entre eux ! D’un autre côté, il avait si souvent entendu parler de la nécessité de l’accomplissement de la destinée de chacun, quoi qu’il pût faire pour l’éviter, et ce vieillard avait de l’expérience et paraissait si savant !... Enfin, après avoir longtemps hésité et pesé le pour et le contre, il se décida à suivre le conseil du vieil inconnu[1].

Quand il arriva chez le père Kergoz, il paraissait inquiet et triste, contre son ordinaire. Il fuma une pipe, deux pipes, puis, Jeanne étant sortie avec un pichet, pour puiser de l’eau à la

  1. Dieu intervient souvent, dans les récits populaires, sous les traits d’un vieillard vénérable, pour donner des conseils, et bien que le conte ne le dise pas d’une manière précise, c’est sans doute lui qui s’offrit à François Kergargal sous cette forme.