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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/24

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Dieu, et ne dites pas qu’il n’est pas juste, quand vous ne les comprendrez pas. Je suis votre bon ange, envoyé pour vous détourner de la mauvaise voie où vous vouliez vous engager et vous empêcher de vous perdre. Priez et faites pénitence, et le Seigneur miséricordieux vous appellera bientôt auprès de lui, et vous prouvera qu’il est la justice même et qu’il récompense chacun selon ses œuvres.

L’ange prit alors son vol vers le ciel.

L’ermite versa des larmes amères, retourna à son ermitage, où il redoubla de prières et de macérations, et Dieu l’appela à lui, tôt après.


(Conté par Marguerite Philippe, de Pluzunet, Côtes-du-Nord, 1872.)


Cette légende se trouve, sans différences notables, dans le XXe chapitre de Zadig, un des contes les plus intéressants de Voltaire. Mais Voltaire n’en est pas l’inventeur, et il faut chercher l’origine à des sources bien plus éloignées. Fréron accusait l’auteur de Zadig de l’avoir prise à l’Anglais Parnell, l’auteur de l’Ermite ; mais il ne savait pas que Parnell lui-même l’avait prise à sir Percy Herbert ou à Henry Moore, et qu’en France même Antoinette Bourguignon, et Luther, en Allemagne, l’avaient connue et publiée, longtemps avant Voltaire. Nous la retrouvons également dans plusieurs écrits du moyen âge, entre autres les sermons de Jacques de Vitri (XIIIe siècle), dans la Scala cœli du Dominicain Jean le Jeune (du XIVe siècle), et deux fois dans les Histoires romaines (Gesta Romanorum), recueil rédigé en Angleterre, vers la fin du XIIIe siècle, et enfin dans un conte français que l’on croit être du règne de saint Louis. Il faut y ajouter les recueils de fabliaux du moyen âge, où elle figure sous le titre