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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/243

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— Quelle est donc sa destinée ?

— Elle doit quitter son pays pendant sept ans, et avoir sept enfants bâtards avant d’y revenir !

— Grand Dieu ! que dis-tu là ? s’écria la pauvre fille. Et ne peut-elle donc éviter cela de quelque manière ?

— Non ; quoi qu’elle puisse faire, il faut que sa destinée s’accomplisse.

Françoise en avait entendu assez ; elle prétexta le besoin de sortir, et Jeanne vint reprendre sa place auprès de son mari, sans que celui-ci se doutât de rien.

La pauvre fille, effrayée d’une révélation si terrible, se retira dans un couvent, pour essayer de conjurer le sort, et tout le monde pensa que c’était de dépit, parce que François Kergargal lui avait préféré sa sœur. Là, elle pleura et jeûna, et pria Dieu de lui épargner la terrible épreuve dont elle était menacée. Mais ce fut en vain, car rien ne peut empêcher l’accomplissement de la destinée arrêtée pour chacun de nous, au moment où il vient au monde[1].

  1. Nos paysans bretons sont généralement assez fatalistes dans leurs croyances et plusieurs récits de ce recueil en font foi. Ils croient à l’influence des astres, des étoiles, de la lune, et à une destinée inévitable avec laquelle chacun de nous viendrait sur la terre.