Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— L’ogresse nous a dit que nous ressemblions à ses enfants ; eh bien ! mettons leurs habits, et faisons comme si nous étions en effet leurs enfants ; ils sont si sots, qu’ils ne s’apercevront de rien.

Jean revêtit donc les habits du petit ogre, Jeanne ceux de la petite ogresse, et ils descendirent et dirent :

— Bonjour, père ! bonjour, mère ! et les embrassèrent.

Les deux monstres, qui ne songeaient qu’au bon déjeûner qu’ils se promettaient de faire, ne s’aperçurent de rien.

Jean et Jeanne se rendirent alors dans la cour du château et se mirent à regarder dans le puits, qui était très-profond. Et les voilà de crier tout à coup :

— Oh ! oh ! que c’est donc beau ! Venez voir ça, père et mère ! Venez vite, vite !...

Et les deux vieux accoururent et se penchèrent sur la margelle du puits. Alors Jean et Jeanne leur prirent les pieds par derrière et les précipitèrent dedans. Puis ils comblèrent le puits, en y jetant des pierres, des bûches et tout ce qui leur tombait sous la main. Les voilà, à présent, seuls maîtres dans le château[1].

  1. Jusqu’ici, c’est le conte du Petit-Poucet de Perrault, avec quelques variantes, — Une autre fable commence à partir de cet endroit. — Nos conteurs populaires ont l’habitude d’ajouter ainsi deux ou trois fables à la suite l’une de l’autre, pour allonger leurs récits et en augmenter l’intérêt. — La fable du Petit-Poucet est très-répandue dans nos campagnes ; mais je ne l’ai jamais trouvée seule.