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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/266

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et ses deux créatures. Il ajoutait qu’il arriverait sans tarder à la maison, pour voir si ses ordres auraient été exécutés.

Quand la vieille dame lut cette lettre, elle faillit en perdre l’esprit, de colère et d’indignation :

— Ah ! l’homme sans cœur ! s’écria-t-elle ; s’il était là !...

Et elle montrait le poing.

Jeanne finit par avoir connaissance du contenu de la lettre, et son cœur en fut navré. Elle dit à sa belle-mère :

— Faites-moi faire un bissac ; on y placera mes deux enfants, un dans chaque bout, puis on me le mettra sur l’épaule, et vous me laisserez aller ainsi, à la grâce de Dieu.

La belle-mère ne voulut d’abord pas ; mais Jeanne insista tant, qu’on finit par faire comme elle souhaitait, puis, les larmes aux yeux, elle fit ses adieux à sa belle-mère, à son beau-père, à tous les gens de la maison, qui l’aimaient, et elle partit. Mais, hélas ! n’ayant pas de bras, elle ne pouvait donner à téter à ses enfants, et ils pleuraient, les pauvres petits, et le cœur de la mère se brisait de douleur.

Elle arriva à une fontaine, au bord de la route, et comme elle avait grand soif, elle voulut y boire. Mais quand elle se penchait sur la fon-