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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/308

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arrivèrent devant le palais de la princesse de Saint-Turuban. Quelle merveille que ce palais ! Le roi n’avait jamais rien vu qui pût lui être comparé. La princesse les accueillit on ne peut mieux, et ils passèrent plusieurs jours avec elle. La princesse était fort belle, et le roi en devint amoureux fou dès qu’il la vit. Il lui fit sa déclaration et ne fut pas repoussé. Bref, on prit jour pour célébrer le mariage, à un mois de là.

Les deux filles des nouveaux époux, celle du roi, qui était si belle et qui s’appelait Marie, et celle de la princesse de Saint-Turuban, qui n’était pas belle et qui se nommait Jeanne, étaient aussi de la noce, comme de juste. Après le repas, il y eut des danses, et tous les jeunes et beaux cavaliers s’empressaient autour de Marie, et voulaient danser avec elle. Jeanne, au contraire, bien que couverte d’or et de diamants, était délaissée, et personne ne se souciait d’elle, ce qui faisait qu’elle était fort dépitée et de mauvaise humeur. Voyant cela, un jeune page alla l’inviter à danser avec lui, par pure politesse.

— Moi danser avec vous, un page, un domestique !... lui dit-elle d’un ton de dédain et de mépris.

Après cela, personne ne s’adressa plus à elle, et elle resta seule, dans un coin, pleurant de colère et méditant de se venger.