Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que vous pourrez lui parler. Prenez un verre de cet excellent vin, et puis allez vous coucher tranquillement, et ne vous inquiétez de rien ; tout va bien, vous dis-je.

Et elle lui versa encore du soporifique. Mais il trouva moyen de le répandre par terre, sans qu’elle s’en aperçût, puis il lui souhaita le bonsoir et se retira dans sa chambre. Il ne se coucha pas ; il se tint sur pied, plein d’impatience et bien éveillé, cette fois. À minuit, l’oiseau bleu entra, comme les deux nuits précédentes, dans la chambre où se trouvait l’enfant dans son berceau, avec la marâtre et sa fille, qui dormaient profondément toutes les deux dans le même lit. Il recommença ses plaintes et ses lamentations de plus belle. Dès les premiers mots, l’époux de Marie reconnut la voix de sa femme, et, forçant la porte, il prit l’oiseau, lui retira l’épingle de la tête, et aussitôt sa femme se retrouva auprès de lui, sous sa forme naturelle, et aussi belle et aussi bien portante que jamais.

Ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, et pleurèrent de joie et de bonheur. Puis la mère couvrit aussi son enfant de larmes et de tendres baisers.

Cependant la marâtre et sa fille ronflaient toujours l’une à côté de l’autre ; mais un terrible réveil les attendait.