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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/324

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— Oui, mon père ; n’est-ce pas une honnête fille ?

— Mais, malheureux ! c’est une servante, et tu es de famille noble et ancienne ; je n’y consentirai jamais !

— Alors, mon père, je ne me marierai point.

La mère de Goulven aimait beaucoup sa servante, à qui elle reconnaissait toutes sortes de bonnes qualités, et elle insista tant auprès du vieux seigneur, qu’il finit par consentir à la laisser épouser à son fils ; mais il y mit néanmoins pour condition qu’ils quitteraient son château aussitôt après leur mariage, et n’y remettraient pas les pieds pendant qu’il serait en vie.

Le mariage se fit, et le vieux seigneur, pour ne pas y assister, partit en voyage.

Quand il revint, tout était terminé, et les deux jeunes mariés étaient allés habiter la ville de Tréguier.

Au bout d’un an environ, Goulven retourna un jour à la maison, malgré la défense expresse de son père, espérant rentrer en grâce auprès de lui. Dès que l’irascible vieillard l’aperçut, il ne put se contenir :

— Malheureux ! s’écria-t-il, je t’avais bien recommandé de ne plus jamais reparaître devant mes yeux ! Malheur à toi !...

Et, saisissant son fusil, il en fit feu sur son