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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/327

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Vers la fin du repas, la femme de chambre entra, tout effarée, dans la salle à manger, en criant :

— Madame, madame ! il manque un couvert d’argent, le vôtre, le plus beau !

— Personne ne sortira que le couvert n’ait été retrouvé ! dit alors le capitaine ; et comme je ne vois ici que deux personnes capables de commettre une pareille indélicatesse, je puis dire, à coup sûr, où l’on retrouvera le couvert.

Et montrant du doigt Goulven et Ancien-la-Chique :

— C’est sur un de ces deux hommes. Qu’on les fouille à l’instant !

La femme de chambre plongea la main dans la poche de Goulven, et en retira le couvert qu’elle y avait introduit elle-même.

— Qu’on mène cet homme au cachot, pour être fusillé demain ! cria alors le capitaine.

Et le pauvre Goulven fut conduit au cachot, malgré ses protestations.

Ancien-la-Chique, dans la nuit, se rendit auprès du geôlier et le pria d’avoir pitié de son ami, qui était innocent de ce qu’on lui reprochait. Il le supplia en pleurant, et lui offrit une grosse somme d’argent, s’il voulait le mettre en liberté ; mais le geôlier fut insensible à ses prières, à ses larmes et à ses offres d’argent. Alors le vieux