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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/33

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vieillard écouta leur confession en silence, et leur demanda ensuite :

— Qu’avez-vous vu sur votre chemin, en venant ici ?

— Nous n’avons remarqué rien d’extraordinaire, répondirent-ils.

— Vous n’avez pas été étonnés de voir quelque chose ?

— Non, sûrement, si ce n’est pourtant de voir deux pauvres colombes blanches poursuivies par une bande de corbeaux noirs, de geais et de pies qui faisaient un grand vacarme et ne leur laissaient aucun repos.

— Les corbeaux, les geais et les pies que vous avez vus et entendus menant si grand bruit sont les mauvaises langues et les calomniateurs de Guingamp et des environs, et vous, vous êtes les deux colombes blanches. Ils seront tous damnés, pour vous avoir calomniés... à moins pourtant que vous ne leur donniez raison en ayant ensemble des enfants, comme si vous étiez mari et femme.

— Grand Dieu ! que dites-vous là, mon père ? s’écrièrent-ils avec horreur.

— Et pourtant, mes enfants, si vous ne voulez pas faire ainsi, tous ceux qui vous ont calomniés, c’est-à-dire presque tous les habitants de Guingamp, seront damnés ; si vous le faites, au contraire, ils seront sauvés. Réfléchissez à cela, et