Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réussiras. Chaque épreuve ne durera, du reste, que le temps que mettront à sonner les douze coups de minuit.

La vieille disparut alors. Onze heures et demie sonnèrent un instant après. Goulven finit de vider le flacon d’eau-de-vie, pour se donner du courage, puis il se retira dans le confessionnal et attendit.

Au premier coup de minuit, il entendit sous terre un bruit effrayant, puis une dalle de pierre se souleva, et il sortit de dessous un grand jet de flamme, et au milieu du feu une jeune fille aux yeux enflammés, avec des serpents enlacés autour de son corps, et poussant des cris et des rugissements effrayants. Elle fit le tour de l’église, cherchant et furetant partout, en criant :

— Où donc est-il ? où est-il ? malédiction !...

Le douzième coup de minuit sonna, et elle disparut dans le gouffre, au milieu des flammes, en hurlant, et la dalle de pierre retomba bruyamment sur elle ; puis tout rentra dans le silence.

Goulven était près de mourir de frayeur dans son confessionnal. Il en sortit quand il vit qu’il n’y avait plus de danger, et se mit tranquillement à fumer sa pipe, pour attendre le jour. À cinq heures, le sacristain vint sonner l’Angelus, et il fut bien étonné de le trouver en vie, car, depuis longtemps, on ne retrouvait, chaque matin, qu’un cadavre horriblement mutilé.