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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/337

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Au bout de quelque temps, Goulven, que nous nommerons à présent le roi d’Angleterre, désira venir en France, avec sa femme pour faire visite au roi. Ils partirent avec une nombreuse suite. Le roi de France les reçut avec pompe et solennité, et ordonna une revue générale. Le roi d’Angleterre, en passant dans les rangs, reconnut son vieux camarade Ancien-la-Chique. Il s’arrêta devant lui et dit à son capitaine (qui était le même, celui qui lui avait enlevé sa première femme) :

— Comment, capitaine, pourquoi ce vieux serviteur-là n’est-il pas décoré ? Je suis sûr qu’il l’a mérité plus d’une fois.

Et détachant sa propre croix, il la donna au vieux grognard en lui disant :

— Prenez, mon brave ; je veux vous décorer de ma propre main...

Voilà tout le monde étonné, et Ancien-la-Chique lui-même, car il ne reconnaissait pas son ancien camarade.

Avant de quitter la France, le roi d’Angleterre voulut offrir un repas à tous les officiers de l’armée, depuis le grade de capitaine. Ceux qui étaient mariés étaient priés d’amener aussi leurs femmes. Ancien-la-Chique fut également invité, comme nouveau décoré. Le festin fut magnifique.